Florent Nouschi
ccn, responsable pôle communication
12/01/2022
Il est peu de dire que fragilité et incertitude ponctuent notre quotidien. L’actualité nous assomme : guerre, réchauffement climatique, pauvreté… Dans ce contexte, cette « nuit », donner la parole à ceux que nous avons appelés des messagers d’espoir pourrait sembler provocateur, sinon décalé.
Et pourtant, à l’image de la photo que nous avons choisie pour la couverture – méandres d’un delta de rivière, végétaux ou tissu cellulaire ? – la réalité de notre monde est multifacette. Le flux d’information massif, et parfois un peu monolithique des médias, pourrait écraser la complexité qui se joue et nous faire oublier les plus petites voies (et voix) qui permettent d’espérer un futur plus lumineux.
C’est le sens que nous avons voulu donner à ce numéro : élargir notre regard. D’abord en l’orientant, comme nous l’incite le Christ, vers le bas : voir les petits, les faibles, à l’image de ces enfants de la rue de Kinshasa que nous introduit Jean-Pierre Godding. Ne pas avoir peur de regarder les malades, les pauvres, « les oubliés des oubliés » comme les appelle Grégoire Ahongbonon, car c’est déjà faire œuvre de salut et de libération.
Ensuite porter un regard d’émerveillement sur ce « bouillonnement d’intelligences qui émergent de toutes parts », dont nous parle l’architecte et urbaniste Thierry Roche. S’inspirer ainsi de tous ces acteurs de bonne volonté qui proposent des chemins d’espoir : contemporains, à l’image des fondateurs de « The Week », ou déjà entrés dans l’Histoire comme Dorothy Day ; frères et sœurs de communauté qui vivent une sobriété heureuse en Belgique, en France ou ailleurs ; figures de proues intellectuelles ; jeunes pros, consultants au service de la transition écologique des territoires, étudiants. Nous leur avons demandé de témoigner : de nous donner à voir la venue du Royaume dont ils sont acteurs.
Il est donc ici question de prophètes, qui annoncent, dans la nuit, la venue d’une lumière. Place singulière que ces prophètes dans notre monde, et défi que d’entendre leur voix. C’est d’ailleurs pour leur tendre un micro que le pape François a réuni bon nombre d’entre eux à l’occasion de l’événement « l’Économie de François » à Assise, que nous raconte Clément Puech.
Attendre fidèlement la venue de la lumière, c’est aussi l’invitation chaque année que nous propose le temps liturgique pendant l’Avent : comment placer notre foi dans un enfant par essence si fragile ? Croire que c’est par Lui que vient l’Espoir ? Croire que c’est avec ce Dieu qui se met en dépendance de l’homme que nous serons sauvés.
Alors certes, nous sommes dans la nuit et l’aube n’est pas pour demain, mais il est bien temps de prendre part à l’œuvre commune car, comme le rappelle cette parole entendue sur la scène d’Assise, « Il n’y a pas d’aurore plus belle que celle qui nous surprend en compagnie des prophètes ». Bonne lecture !
Cet article fait partie du numéro 75 de la revue FOI
Messagers d’espoir
décembre 2022-janvier-février 2023