Bénédicte Bouillot

sœur consacrée, ccn, professeur de philosophie au Centre Sèvres, Facultés jésuites, Paris Membre du comité théologique de la CORREF

26/05/2023

Philosophie

Comment parler du masculin et du féminin ? Ce qu’en dit Edith Stein…

Edith Stein, dans les années 1930, est l’une des premières femmes à réfléchir à la différence sexuelle selon une perspective à la fois philosophique, théologique et spirituelle [1]. Son approche consiste à toujours penser la personne humaine et sa vocation à l’articulation de trois plans indissociables : l’universel, le générique et le singulier.

En phénoménologue tout d’abord, elle aborde la différence sexuelle en termes de styles de motivation, et met en évidence, du côté féminin, une recherche de la complétude, une tendance à associer tout son être à son agir, une disposition à l’empathie, un souci des relations, une manière d’aborder et d’analyser les situations selon une approche holistique et à partir d’une considération des personnes, plutôt qu’en référence à des principes universels et abstraits (approche plus typiquement masculine) – selon des analyses qui annoncent celles des théoriciennes du care (C. Gilligan, Une voix différente). Ces attitudes fondamentales correspondent ainsi à une attention plus spécifique à un aspect de l’expérience humaine, à des valeurs, auxquels l’autre sexe est généralement moins sensible, spontanément, mais auxquels chacun a accès, est potentiellement ouvert, et dont la valorisation est légitime et importe à tous. Il ne s’agit donc pas, dans cette perspective, de penser le masculin et le féminin comme radicalement exclusifs l’un de l’autre, étrangers l’un à l’autre. Chaque sexe est signe pour l’autre d’une disposition à laquelle tout être humain est appelé, mais à laquelle l’un ou l’autre est en général plus spontanément enclin. Chaque mode d’être a sa valeur et ses vertus, comme ses limites, et la différence de l’autre devient une invitation à ne pas s’enfermer dans ses prédispositions, à élargir son être. E. Stein en appelle ainsi à une « coopération salutaire » des modes d’être masculin et féminin dans tous les domaines de l’existence. L’enjeu est d’honorer l’expérience humaine dans sa diversité, pour une ouverture plus riche au réel.

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Cet article fait partie du numéro 77 de la revue FOI

Femmes et hommes : un enjeu de paix

juin-juillet-août 2023

Formation Chretienne  

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