Yolande Tapsoba

sœur consacrée, ccn, Burkina Faso

27/09/2023

L’influence des traditions au Burkina Faso

Différence homme/femme : une fatalité ou un don ?

Je suis revenue au Burkina Faso, mon pays d’origine en 2021, après 16 ans d’absence. Retrouver mon pays après tant d’années me donne de redécouvrir certains aspects de sa culture. Ce retour me permet de faire une relecture et d’avoir un autre regard. Je rends grâce à Dieu pour les richesses de la culture burkinabée dans sa diversité, pour toutes les évolutions que j’ai pu constater et pour la culture familiale et ethnique qui ont contribué à faire de moi la femme que je suis. Mais aussi, au regard de certaines situations et évènements récents auxquels j’ai été confrontée depuis mon retour, notamment dans le rapport entre l’homme et la femme, je m’interroge : quelle est l’identité de la femme au regard de l’homme ? Quelle est sa place dans les lieux de parole et de décision par rapport à l’homme ? Et quelle est l’influence des traditions sur la question homme-femme dans la culture Moaga ?

Je suis l’ainée d’une famille de quatre enfants, deux filles et deux garçons. J’ai des souvenirs des femmes de ma famille et de mon entourage qui me faisaient des remarques du genre : « Ce n’est pas un lieu pour une fille, ce n’est pas un comportement de femme, la femme n’a pas droit de faire ceci ou cela, la femme n’a pas droit d’assister à telle rencontre, ni donner son avis, etc… ». Des remarques qui avaient pour but de marquer la différence entre mes frères et moi. Ayant rencontré d’autres cultures, je me suis rendue compte que ces remarques ne sont pas propre à la culture burkinabée, elles sont partagées par bien d’autres cultures. Ce qui fait comprendre que sur certains aspects de la vie, la femme, quelle que soit son origine ou classe sociale, partage la même réalité. Cependant, dans la mise en pratique de ces remarques et leur implication dans le rapport entre l’homme et la femme, il y a lieu de s’interroger. Je n’ai aucun souvenir de ce genre de remarque venant de mon père, ni de souvenir d’avoir été confrontée à une certaine inégalité ni domination dans ma relation avec les hommes de ma famille. Et cela a été un équilibre pour moi : d’une part, les femmes m’ont transmis ce qu’elles ont reçu de leur éducation et des traditions, d’autre part, un père à l’esprit ouvert m’a donné ma juste place par rapport à mes frères et aux hommes de façon générale.

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Cet article fait partie du numéro 77 de la revue FOI

Femmes et hommes : un enjeu de paix

juin-juillet-août 2023

Regard sur le monde  

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